• LES LARMES

    Les larmes peuvent être belles,
    Comme les perles d'une rosée matinale sur un pétale de rose au soleil,
    Sur la joue d'un bébé implorant le sein maternel,
    D'une femme criant son amour à ce monde en sommeil.


    Les larmes peuvent être belles,
    Comme la goutte d'eau de pluie donnant la source vitale, qui tous nous émerveille,
    Dans les yeux d'un vieillard tournant sa terre face au soleil,
    D'un grand effort victorieux sur cet anti-paresse.


    Les larmes peuvent être belles,
    Comme celles de la veille femme arc boutée sur le lac blanc récoltant le sel,
    En la paupière mi-close fermée sur un monde en éveille,
    D'un inavouable impardonnable oubli de sagesse.


    Les larmes peuvent être belles,
    Comme un cri silencieux dans les ténèbres de la nuit qui nous ensorcelle,
    Elles nous font vieillir avec la compassion humaine d'une vie sans pareille,
    Donnant pour tous, l'envie de croire aux anges et à leurs ailes.
    Voilà pourquoi,ces larmes sont si belles.

    Flanneur.

     

     

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  • STUPEUR D'UNE DÉCISION ET TREMBLEMENT D'UN CHOIX

    L'année deux mille fut pour moi, une expérience parfois terrifiante et enrichissante, faisant suite à une décision commune du couple afin d'offrir une stabilité à nos jeunes enfants, qui à l'époque, étaient âgés de 9 à 13 ans. Nous prîmes la résolution de quitter la région parisienne. Je trouvais donc un emploi de plombier au sein d'une société d'intérim à Saint-Nazaire. Après une période de réflexion, je donnais mon accord à cette société et je m'engageais à être présent pour la fin du mois de septembre. Nous avons donc donné congé à notre bailleur,puis je partais en avant-garde.

    Ce matin-là ; j'avais rendez-vous à la porte quatre, du chantier naval où une personne m'attendait. C'était homme trapu qui me fit bonne impression. Malgré sa petite taille, il marchait vite. Il avait l'air soucieux en passant quelques coups de téléphone, je pouvais comprendre par bribes la conversation qui portait sur des jalons. Nous arrivâmes dans la fosse de montage, comme ils l'appelaient. J'étais surpris par l'environnement lugubre, le crachin matinal renforçait l'impression de froid des bords de Loire. Dans le fond, je distinguais, malgré le brouillard ouatant une masse sombre éclairée par des projecteurs blafards. Ils émettaient une lueur blanchâtre sur la gueule béante d'un paquebot en naissance.

    Enfin pour l'heure, une montagne de tôles qui crachait des gerbes d'étincelles et qui vomissait de ses entrailles l'eau ruisselante de ces côtes gémissantes et grinçantes. Ces plaintes prouvaient le phénomène de la rétractation métallique que le froid lui commandait. À la manière d'une comète se rapprochant du soleil la structure fumait d'une vapeur diffuse donnant aux hommes présents à leurs tâches une image surréaliste mélangée de tristesse et de force.

    L'homme me sortit, de mes réflexions en me disant: " Viens, c'est par là !"

    Nous empruntâmes une tour d'échafaudage. En montant, il me dit : " C’est au quinzième pont ".

    Je pensais à l'entretien passé à la société d'intérim qui m'avait dit : « Ne t'inquiètes pas, la plomberie ne s'oublie pas. Poser un siphon ou un tube n'est pas sorcier ! ».

    Il était loin le paquebot fini, tout habillé de parures somptueuses dont j'avais rêvé ! Serais-je à la hauteur de ce monstre d'acier ?

    Nous arrivâmes dans le lot prévu et je fus présenté à mes futurs collègues qui me jaugèrent du haut en bas. L'un d'eux me demandait si je voulais un café.

    l'homme qu m'avait accompagné me dit s'appeler Philippe Monche, puis il me précisa qu'en cas de problème il fallait impérativement lui en référer. Seul lui pouvait prendre les décisions adéquate.

    Éric, en rigolant lui répondit : " Oui gros lapin! On sait que tu es le chef. Mais as tu pensé aux plans ? Car depuis hier on n’a rien foutu, ne gueule pas pour les jalons et les pénalités... "

    Les autres rajoutèrent en des termes crus, des reproches de conception venant de ce fichu bureau d'étude.

    Philippe répondit dans un langage technique que je ne comprenais pas. Il prit congé de nous.

    Je pensais à cet instant: " Sur quelle planète es-tu ? Répondre ainsi à un responsable avec un tel langage, cela promet !"

    Un malaise me parcourut et je ne me sentais plus sûr de rien, pourtant j'avais laissé toute ma famille et mon emploi de responsable de secteur à Paris. La peur m'envahissait de ce trop d'inconnus de nouveautés et de responsabilités.

    L'arrivée d'un matelot me sortit de la torpeur quand je l'entendis crier: " Où est le nouveau ? »

    Sa poignée de main fut forte, comme non contrôlée. Je le fixais dans les yeux quand il me demanda d'où je venais et dans quelle boîte j'avais bossé.

    Il riait de ma réponse en disant : « Encore un qui va pêcher nos crevettes dans les flaques d'eau du port ! ».

    Je le suivis à notre poste de travail. Nous retrouvant à l'extérieur, le vent me transperça, la pluie en une multitude de petites billes glacées tapait mon visage me faisant frissonner et fermer à demi les yeux.

    Ceuli-ci se prénommait Gilles. Il me demanda de brancher le poste à souder. Ma réaction dut être trop longue car, avant que ne je puisse dire quoi que ce soit, il demanda : " Tu ne sais pas souder ? "

    Je répondis par la négation. 

    Je me disais:" C'est fini la démission est proche. Que faire et que dire ?"

    Tout se mélangeait dans mes pensées.

    Je fus soulagé lorsque qu'il me dit : « laisse donc et regarde. Aprèstu feras les débits. Tu sais faire cela au moins ?"

    J'ai évolué ainsi durant près de dix jours. Je faisait les débits des tubes aux cotes énoncées, ce qui m'allait pour le mieux. Je pouvais ainsi, en étudiant les gestes de mon matelot comprendre et commencer à pouvoir singer un professionnel dans un semblant de montage linéaire. Je m'imprégnais des nomenclatures isométriques tubulaires.

    Un midi, lors de la pause-café, Éric,dit à Gilles : " Ton matelot essai de souder durant l'heure du repas. Pas gagné ! Ils embauchent des charcutiers maintenant ?Pas étonnant que tout fiche le camp.»

    Je répondis sur le champ, la coupe était pleine et je perdis mon calme. Je ne voyais plus rien que ce gars hilare. Ses yeux le rendaient clownesque ; d'un comique, non sympathique à l'apparence d'un Bezo de bas étage. Je sentais mes tempes battre le tempo d'une rage non contenue. J'avançai vers lui ; l'idée de pulvériser ce Viking de salon me ravissait.

    Le ton narquois d'Éric changea, il me dit : " Ne le prends pas mal, mais ici, ce n'est pas Paris, pas de grand confort, mais l'on voit que tu t'accroches alors bosse !"

    Les autres gars de l'équipe nous calmèrent et je repartis vers mon poste à souder énervé. Mais, j'avais compris que tout n'était pas fichu.

    Environ deux semaines plus tard, en débitant un tube d'acier de vingt pouces, le lapidaire se coinça. Mes des mains lachèrent la machine et elle continua sa course tranchante sur le haut de ma cuisse droite. Je ne sentis rien. Pas de sang ; la vitesse du disque avait cautérisée la plaie en m'entaillant.

    Je pensais à cet instant : " Tu n'y parviendras jamais »

    Tout ce temps et ces efforts pour rien. J'allais donc à l'hôpital, où cinq points de sutures furent posés. Je refusais l'arrêt de travail proposé par le médecin. J'avais une telle peur de l'échec et d'un retour plus bas que la case départ.

    De retour à bord,le lendemain, l’équipe était surprise de me voir à mon poste. Ils me dirent : « t'es aussi barré que nous tous ; tu aurais dû te mettre en arrêt »

    J'eus l'intime conviction à ce moment précis de faire partie de l'équipe et de les avoir touchés. Je décidais de leur expliquer pourquoi j'étais venu à Saint-Nazaire et mes craintes de tout perdre.

    Ils prirent la résolution de m'aider et de m'apprendre le métier de monteur tuyauteur naval.

    J'étais soulagé. Je pouvais peut-être voir l'avenir plus sereinement. À l'époque, j'avais l'obligation d'assimiler les plans isométriques, la soudure à arc, les accotements et les réglages en apprenant aussi les dangers de brûlures, de coupures, des coups d'arcs aux yeux, de savoir se protéger et de protéger les autres. Cinq années sont passées, les copains ont tenus parole.

    J'avais gagné mes galons et mon surnom de Dark Vador en raison de mon visage souvent caché par la cagoule noire du masque de soudure.

    Je me souviens de mon apprenti qui travaillait aux épreuves de tuyauteries du Queen-Marie II, qui au début paraissait effaré par tant de bruit. Le vacarme des coups de masse des redresseurs et charpentiers fer. Celui des abeilles et de leur marteau à piquer la fleur de rouille. Aussi de cette fumée de soudure parfois si âcre ainsi des blocs de navires passant au-dessus nos têtes.  Tout cela le surprenait

    Je lui avait répondu:  " tu t'y habitueras dans cinq ans, cela te paraîtra normal."

    J'ai aujourd'hui une pensée pour tous ces gars décédés sur le site ou sur chemin de leur travail au cours de ces onze années, ainsi qu'à ce pauvre jeune brûlé à soixante-dix pour cent et plongé dans le coma à cause d'un boyau oxygène fuyant, et à mes propres blessures.

    Une pensée particulière aux victimes de la catastrophe duQueenMarie II. Nous appelons cela le tribut, celui du navire ; où tant de gens peuvent rêver en s'y amusant. Cela on ne s'y habitue pas !

    Aujourd'hui, mes enfants sont de jeunes adultes, les forces me trahissent et l'âge avance.

    Mais, j'ai depuis un an un autre chalenge en tête, une autre forme de combat à mener. Alors mes amis de galères sont heureux de voir que je peux avoir le courage, comme ils le disent, de reprendre des études à mon âge.

    J'ai souri à leurs remarques, car ce chalenge n'est pas du courage, c'est juste de l'égoïsme et la peur de l'âge qui avance.

    Mais, j'avais promis de m'occuper de moi.

    Flaneur.

    Un paquebot en construction

     

     Déplacement d'un paquebot

     

     

     

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